Chelli
Chelli raconte comment la dépendance affective de deux soeurs peut transformer un handicap mental en un handicap social. Un premier film juste du monteur israëlien Asaf Kormann.
Trop près d’elle
Pour son premier long métrage, le réalisateur israëlien Asaf Korman, monteur réputé de Jaffa ou de La femme qui aimait les hommes, n’a pas choisi un sujet facile. Mais, c’est sa femme, à qui il a confié le rôle principal, qui lui a soufflé l’idée.
Chelli est chargée
Liron interprète Chelli, une jeune femme chargée de la sécurité dans un lycée. Peu disponible, assez renfermée, elle semble constamment préoccupée. Elle l’est. Elle a la charge de Gabby, sa jeune sœur handicapée mentale.
C’est à la fois un lourd fardeau qu’elle assume pleinement mais aussi une responsabilité qui donne un sens à sa vie. Elle a dû mal à lâcher prise, à placer Gabby même pour quelques heures dans un établissement spécialisé. Elle a même du mal à s’accorder une vie à elle.
Histoire vécue
Aussi, quand elle rencontre Zohar, un beau prof de sport du lycée, très compréhensif pourtant, elle n’arrive pas à lui accorder la place qu’il mérite légitimement. Quitte à gâcher sa propre vie.
Le sujet est difficile, mais on sent très vite qu’il a été vécu pour être aussi sincèrement traité. Liron Ben Shlush s’est inspirée de la relation avec sa propre soeur pour écrire le scénario et pour interpréter Chelli. Ce film a d’ailleurs deux vertus essentielles : il n’est jamais manichéen et raconte son histoire avec un suspens bienvenu.
Dépendances
Plutôt que de décrire, avec une objectivité forcément relative, ce que pensent ou veulent vivre des handicapés qui s’expriment très peu, il s’attache à suivre Chelli, la soeur responsable. Et il montre qu’elle aussi peut se tromper, qu’elle aussi donne aux gestes de Gabby le sens qu’elle a envie d’y voir.
Du coup, la dépendance affective n’est pas forcément celle que l’on croit. Et le handicap mental de l’une répond ou entraîne le handicap social de l’autre.
La mise en scène aurait parfois pu être un peu plus subtile, mais l’interprétation hors pair, surtout de la part de Dana Ivgy qui joue Gabby, dans l’ensemble, compense largement les rares défauts de ce premier film.
D’Asaf Korman avec Liron Ben Shlush, Dana Ivgy, Yaakov Daniel Zad
2014 – Israël – 1h30
Le film a été présenté le 22 mai 2015 à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes