Que sont-ils devenus ?
Dix ans après « les Poupées Russes », quinze après « L’Auberge espagnole », revoilà Xavier et une partie de sa clique. Il a désormais la quarantaine, une famille et sa vie semble toujours aussi compliquée. Il est marié depuis dix ans à Wendy, la mère de ses deux enfants. Après Barcelone, il a vécu à Londres puis à Paris, est devenu un écrivain à succès et c’est précisément à ce moment-là, en plein rythme de croisière, que Wendy décide de le quitter pour un américain, que sa copine lesbienne Isabelle lui demande de l’aider à avoir un enfant et finalement qu’il décide de s’installer à New York.
La vie au présent
Impossible de cacher notre plaisir à retrouver Xavier, Wendy, Isabelle et Martine, puisque les autres colocs de l’Auberge Espagnole ont fait les frais des dix années qui viennent de se passer. De retrouver Klapisch aux commandes de cette trilogie fort inspirée et très agréable à suivre. Car, à chaque fois, plus qu’à une suite, c’est à une nouvelle aventure qu’il nous convie. Un peu comme si tous (le réalisateur compris) grandissaient, vieillissaient avec nous et se retrouvaient confrontés à nos problèmes ou à ceux qu’on a su déjouer avant eux. Et comme Klapisch le fait en adéquation parfaite avec son temps, il parvient même à intéresser les plus jeunes, ceux qui ont rêvé de partager une Auberge espagnole et qui s’amusent de ce qui les attend. Ou pas.
Le début du film (qui s’essouffle toutefois un peu dans la seconde partie) est, de ce point de vue remarquable : Klapisch, en jouant avec les formes (silhouette des personnages en papier, simulation d’écran d’ordinateur quand Xavier cherche un appart à New York, par exemple), ancre parfaitement ses héros dans l’époque actuelle, sans retenue ni distance, mais sans surenchère non plus et dynamise de la sorte son récit. On est donc bien dans les années 2010, à regarder évoluer des personnages qu’on a connus, plus jeunes.
Un passé que Klapisch nous rappelle pourtant par un subtile jeu de citations de deux précédents films : ses références musicales ou bien la reprise de scènes qu’il détourne habilement. Ou encore la voix off de Xavier qui a la particularité de commenter une scène dans laquelle il joue, en juxtaposant les voix. C’est à la fois si fréquent et amené si subtilement qu’on pourrait s’amuser à revoir les trois films en y cherchant les références.
La vie mode d’emploi
Malgré tout, Klapisch ne se prive pas d’innover : Xavier a vieilli, mûri, les questions existentielles qu’il se pose sont dormais plus profondes, il tente d’y répondre d’une façon plus intellectuelle et la manière dont il convoque ses maître-penseurs est à la fois inouïe et simple. Ce qui fait que tout en continuant à aborder des problématiques de la vie actuelle, le rire, le comique sont toujours les bienvenus. On passe donc deux heures de plaisir intense à retrouver des personnalités qu’on a aimées, à se balader très joliment dans New York, et notamment à Chinatown, à vivre intensément aux côtés de Xavier et l’ensemble gomme largement les petites imperfections du scénario (la scène où Xavier est coursier par exemple, qui n’apporte rien).
Désormais, Xavier semble avoir acquis un nouvel équilibre mais qui n’est qu’un désordre annoncé. Rendez-vous donc dans dix ou quinze ans, quand il se retournera alors pour dresser le nouveau bilan d’une vie qui s’annonce toujours aussi riche en bouleversements.
De Cédric Klapisch, avec Romain Duris, Kelly Reilly, Audrey Tautou, Cécile de France, Benoît Jacquot….
2013 – France – 1h54
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