Casablancas ou l’histoire d’une comète qui a dominé le monde de la beauté, en lançant l’agence Elite et l’ère des super top models. Un documentaire passionnant revient sur cette période révolue.
Un homme qui aimait les belles femmes
En 1986, j’habitais à Toronto et tous les étudiants d’alors ne juraient que par elle. Paulina Porizkova, une beauté féline venue de Tchécoslovaquie, reine des défilés dont on s’arrachait les posters (!), passée complètement inaperçue ici. Paulina est pourtant une pionnière, le premier top model déniché et fabriqué par John Casablancas, le fondateur de l’agence Élite et le créateur d’une nouvelle vague: celle des super top models.
C’est son histoire à lui que Hubert Woroniecki raconte dans ce documentaire passionnant. Casablancas, son nom ne vous dit peut-être rien, en revanche ceux de Linda, Cindy, Naomi, Stéphanie, Iman … résonnent forcément à vos yeux et à vos oreilles.
Fin de race
John Casablancas est né une cuillère d’argent dans la bouche d’une famille d’industriels catalans contrainte plusieurs fois â l’exil. Il nait à New York par hasard – mais ce sera un atout – étudie dans une pension ultra-chic Suisse où il se fera des relations qui lui serviront à vie et passe ses vacances à Cannes ou il côtoie beau monde et belles femmes.
Une passion qui lui vaudra d’être renvoyé de son pensionnat Suisse et de chercher du travail très jeune. Casablancas vit vite, se marie et devient et père de famille â 25 ans et directeur commercial de Coca-Cola au Brésil au même âge. De retour à Paris, il rencontre un mannequin danois qu’il décide de représenter. Ainsi est né Elite, son agence d’abord parisienne puis américaine qui bouleversera un univers somnolent.
Casablancas fait des mannequins des stars
Casablancas ne connaissait pas la mode, mais il connaissait bien les femmes, le business. Il avait des relations et un physique de play boy. Prenant manifestement autant de plaisir à son métier qu’il faisait d’argent, il bouscule les codes du mannequinat en recrutant de belles filles particulières, celles qui possèderaient un supplément d’âme et une envie de réussir ou de faire la fête.
Aucune ne se ressemble et toutes rayonnent, imposant leur beauté et leur singularité (difficile quand même de parler de personnalité) à la une des magazines les plus prestigieux. Car, ses filles, il veut en faire des stars à l’instar des actrices de l’âge d’or hollywoodien. Et il y parvient. Dans les années 1990, ce sont elles qui font rêver!
Elite, look of the 1990’s
Elite créera d’ailleurs tout un tas d’école de mannequins et la fameux « look of the year » une large compétition internationale ou les prétendantes se ruent.
Le succès n’a qu’un temps : les concurrents, les traîtres, l’usure, les ruptures personnelles… – et le fait qu’Élite Europe soit bientôt rattrapé par des affaires de moeurs, de drogue… conduisent Casablancas à vendre ses parts et à se retirer. Malade, il décède en 2013, deux ans après avoir raconté sa vie à Hubert Woroniecki.
Une vie de rêve
John Casablancas s’est confié longuement à son ami, sans même évincer les (rares) parties douloureuses de son histoire. Par le menu et avec une simplicité bienvenue, il raconte sa vie, ses rencontres, ses défis avec force archives personnelles. Quand ce n’est pas le cas, Hubert Woroniecki illustre ses dires par des séquences d’animation amusantes.
Toute la première partie du film jusqu’au succès d’Elite NYC est remarquable, intéressante. C’est moins le cas quand les problèmes commencent à arriver et le fameux cas Gerald Marie, dénoncé par un film de la BBC, est moins clairement expliqué. L’ensemble toutefois passionnant restera comme le témoignage d’une époque et d’un phénomène révolu, mais qui, un temps, ont réussi à faire rêver le monde entier.
Documentaire d’Hubert Woroniecki, avec John Casablancas, Linda Evangelista, Naomi Campbell, Cindy Crawford, Eilan Ford, Janice Dickinson….
2016 – France – 1h29
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©JohnCasablancas, ©marco_glaviano, @Claude Guillaumain