Ava a 13 ans et plein d’incertitudes. En vacances avec sa mère dans une station balnéaire du sud-ouest de la France, elle ouvre les yeux à la vie à mesure qu’elle perd la vue. Le premier film ambitieux de Léa Mysius.
Fondue au noir
Ava de Léa Mysius débute par un plan large sur une plage populaire du sud-ouest français. Soudain, un chien qui ressemble un loup noir s’immisce parmi les estivants. Il n’est pas méchant mais il est menaçant. Comme le seront les policiers vêtus de noir qui arrêtent un peu plus loin, un gitan en train de se battre.
Le décor est planté. On comprend déjà que les vacances d’Ava seront difficiles mais déterminantes. Comme elles le sont souvent à l’adolescence.
Sombres héros
La jeune fille partage ses vacances avec sa mère, une affective séductrice et sa soeur bébé. Les deux lui sont insupportables. Ava profite donc de la liberté qui lui est donnée pour rôder sur la plage. Elle s’attache à ce chien noir, Lupo qu’elle kidnappe pour qu’il lui serve de guide. C’est lui qui l’amènera auprès de Juan, son propriétaire, un gitan qui vit dans un blockhaus sur la plage et dont elle tombe amoureuse.
Juan règle ses comptes avec violence. Mais, il est libre, très libre et finira par accepter la fuite que lui propose Ava. En plus d’avoir une famille insupportable, Ava perd la vue. Au fur et à mesure que son champ visuel rétrécit, Ava se dessine un avenir noir. Elle dit regretter de n’avoir pas rencontrer la beauté avant Juan. Plus son futur s’assombrit, plus elle ouvre les yeux.
Ava, une jeune fille dérangeante
Dense et sombre, voilà les deux mots qui définissent le mieux le premier film de Léa Mysius. Si cette jeune réalisatrice a un incontestable talent de mise en scène et de prises de vue – les plans de la plage sont superbes – , elle livre un scénario trop riche qui finit par suivre sur des pistes multiples et confuses. Un peu comme celui des Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin auquel elle a participé.
Ce portrait d’une adolescente qui tombe amoureuse d’un bad boy dans un monde au futur incertain est riche. Trop pour ne pas être dilué. Il est surtout porté par une superbe actrice, la jeune Noée Abita au regard trouble mais au corps plein de vie. Et à la présence impressionnante. D’ailleurs, tout le casting est original et intéressant. Malgré plusieurs scènes fortes et fulgurantes – les cauchemars d’Ava par exemple- , ce récit singulier finit par se perdre dans des dédales trop longs et peu convaincants. Mais, Léa Mysius est incontestablement un talent à suivre.
De Léa Mysius avec Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano, Daouda Diakhate…
2017 – France – 1h45
Ava de Léa Mysius était en compétition à la Semaine de la critique. Du festival de Cannes 2017, il est reparti avec le prix SACD de la Semaine de La Critique et le Grand prix du jury Palm dog.