ADN
Que Maïwenn a-t-elle à dire de neuf sur sa famille et ses origines ? Qu’elle se sent aussi algérienne. Voilà le propos d’ADN, son cinquième long métrage. Bon…
Famille, je vous hai(s)me !
On sait depuis son premier spectacle, Le pois chiche et depuis son premier film, Pardonnez-moi que la réalisatrice Maïwenn a grandi dans une famille dysfonctionnelle avec un père violent, une mère toxique et une fratrie nombreuse et composite. Et au cas où nous ne l’aurions pas bien compris, elle en remet une sacrée couche avec son cinquième long métrage, ADN.
Mais, cette fois, après le père dans Pardonnez-moi ou le compagnon dans Mon Roi, elle s’intéresse au ciment de cette smala : le grand-père algérien. Un vieux patriarche un peu timide, malade d’Alzheimer, et tendrement émouvant auprès de qui la famille s’étripe quand elle se réunit pour venir le voir. Il meurt. Chacun le pleure à sa façon. Et on s’engueule pour ses funérailles. Chez Neige (Maïwenn), une de ses petites filles, sa mort déclenche une envie de mieux connaître ses racines et d’assumer ses origines algériennes (pourtant minoritaires).
La famille sans l’histoire
Reconnaissons-le de suite. ADN est le moins bon film de Maïwenn. Il ne bénéficie pas de l’énergie de Polisse, ni de l’émotion de Pardonnez-moi ou de Mon Roi, ni même de la cocasserie maladroite du Bal des actrices.
Rien de tout cela. Ici, on a l’impression d’assister à un énième règlement de compte familial complètement foutraque. Et lorsque qu’on voudrait s’intéresser au grand-père, il nous manque des clés. Ce vieux monsieur n’est pas qu’un patriarche généreux ? Il a aussi été un combattant communiste qui aurait fuit son pays à 22 ans. Ah? Maïwenn s’abstient d’expliquer en quoi il a aussi été un homme engagé, un militant, une sorte de héros familial. Elle se contente de balancer deux archives vues et revues dans lesquelles elle ne prend même pas le temps d’intégrer son aïeul. Pourquoi ne fouille-t-elle pas ce passé là?
Un ADN sans sujet
La mort du grand-père réveille en elle sa fibre algérienne jusqu’à vouloir changer de nationalité ? Mais qu’elle nous dise en quoi ce n’est pas juste un caprice mais une démarche sincère, profonde, qui a du sens pour elle. Et si c’était le sujet du film – alors qu’en l’état, ce thème n’est qu’anecdotique, voire un élément de comédie – pourquoi continuer à se perdre dans les querelles familiales qui n’apportent rien aux débats ? Une seule scène aborde le sujet – lors la séquence du bar – mais que sous l’angle de la religion.
On sait que Maïwenn est une cinéaste de l’impulsion, et parfois de l’émotion. Mais, cela ne fonctionne qu’à condition qu’il y ait un sujet, un vrai : la vie quotidienne de la brigade des mineurs dans Polisse, son meilleur film, la vie avec un pervers-narcissique dans Mon Roi. Ici, il n’y en a pas. Certains affleurent mais sans être traités. A peine celui du deuil. La faute à l’absence d’un scénario, pourtant écrit à quatre mains avec Mathieu Demy.
Quelques scènes sont à sauver : la confrontation mère fille entre Fanny Ardant et Maïwenn, celle de l’enterrement avec la chanson de Céline Dion et deux ou trois répliques percutantes… C’est trop peu.
De et avec Maïwenn, Fanny Ardant, Marine Vatch, Louis Garrel, Caroline Chaniolleau…
2020 – France-1h30
ADN de Maïwenn bénéficie du label Festival de Cannes Sélection officielle 2020. Sa sortie en salle étant est prévue pour le 28 octobre 2020, il est éligible au Prix Alice Guy 2021.