Le concours
Comment se passe le concours d’entrée à une grande école ? En l’occurrence à celle du cinéma : la Femis ? C’est ce que filme la documentariste Claire Simon. A sa manière de sociologue.
Sélection organisée
Ils partirent à 1250 pour finir à 60. Pour intégrer la meilleure école de cinéma française, les étudiants recrutés à bac +3 doivent passer un concours : le concours. Le processus est long et ardu. Pour la première fois, une réalisatrice le filme, du début à la fin. Et prouve que rien n’est laissé au hasard.
Claire Simon commence par poser sa caméra durant la journée des portes ouvertes, où les curieux se pressent pour découvrir l’école. Suivant pas à pas la démarche d’un aspirant, elle revient le premier jour de l’examen. Là, elle tourne dans le hall où se précipitent les inscrits habilités à passer ma première épreuve. Il s’agit d’une sorte de dissertation-analyse d’un extrait de film japonais qui montre un rapport de force ambigu entre un homme et une femme.
Le concours, étape par étape
La scène précédente expliquait au jury comment juger les candidats. La dissertation n’est pas tant une épreuve de connaissance qu’une capacité à comprendre et à donner une analyse personnelle de l’extrait.
Mais l’épreuve qui débute dans le noir d’un grand amphithéâtre où les élèves sont serrés les uns contre les autres semble ardu et éprouvante. Par la masse de candidats qu’elle regroupe, elle est aussi spectaculaire. Et sélective.
Les rescapés poursuivront le parcours : les entretiens individuels, les exercices appliqués de décor, de filmage, de mise en scène, d’écriture…
Des jurés concernés
Claire Simon filme tout : le brief des jurés, les oraux, les discussions, les délibérations… Elle tisse ainsi un portrait très large des aspirants à la prestigieuse école et choisit de n’en suivre aucun en particulier. Elle refuse les profils-types et déjoue le piège des futurs étudiants qui auraient compris comment plaire au jury pour décrocher le sésame.
C’est justement la partie la plus intéressante de son film, l’engagement des jurés à défendre des dossiers, des idées et des initiatives non formatées. Et cela, tout en ayant conscience de ce que cette école pourra ou non leur apporter.
Le concours comme rite de passage
Ce film est un précieux témoignage. Et comme d’habitude, reconnaissons la pertinence de Claire Simon à filmer des lieux clos et inédits, jamais exploités avant elle.
Ethnologue de formation, elle insiste sur la représentation de ce rite de passage de nos sociétés qui conditionnent l’intégration à un milieu, à une profession. Le sésame : c’est le concours. La porte de notre monde n’est donc jamais totalement ouverte. La sélection pour y entrer est la règle.
Le concours et ses limites
Tout comme le concours a des limites, la manière dont Claire Simon filme en a aussi. En posant sa caméra -il y a quelques problèmes de sons d’ailleurs- sans commentaire ni parti pris apparent, elle laisse ensuite le montage rectifier les longueurs -il y en a pourtant, durant les oraux notamment – et trouver la trame.
Et comme souvent, sa démarche reste plus intéressante que le résultat final de son film. Il ne suffit pas de voir les films de Claire Simon pour apprécier son propos, il faut aussi la lire. Ce qui dans le cinéma direct qu’elle est une limite.
Documentaire de Claire Simon
2016 – France – 1h59
Le concours de Claire Simon a reçu le prix du meilleur documentaire cinéma à la 73e Mostra de Venise (en 2016).
© 2016 – Andolfi
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