Before Midnight
De Richard Linklater
Voilà 18 ans qu’a commencé la love story de Céline, la petite française et de Jesse, l’américain en voyage en Europe. Ils s’étaient rencontrés dans un train, se sont quittés puis retrouvés à Paris et vivent désormais en couple ensemble en France.
Le mari, la femme, les enfants
Mais, cette fois, ils sont en vacances en famille en Grèce, avec leurs enfants, reçus par des amis, une bande d’intellectuels qui disserte, lors des repas, sur le sens de la vie, sur l’amour, sur le temps qui passe et évidemment sur le couple et donc sur les femmes et sur les hommes.
Alors qu’ils s’apprêtent à repartir, leurs amis leur offre une nuit dans un hôtel de charme, rien que tous les deux, Céline et Jesse, sans les enfants. C’est l’occasion de retrouvailles un peu forcées, un peu hors du rythme de croisière qu’a désormais pris leur couple et donc, comme toujours, celui d’une mise au point. Sévère, la mise au point.
Comme eux, nous avons vieilli, expérimenté la vie, l’amour, la déception et le bonheur, les bonheurs partagés ou non. Comme eux, notre romantisme a été échaudé par la routine, par la prise du pouvoir de l’intendance sur notre vie quotidienne auparavant si riche, si pleine d’élan et de découverte.
Donc, surtout si on les suit en terme d’âge, on ne peut qu’une fois de plus s’identifier au couple à la fois banal et si formidable que forment Céline et Jesse, un couple où la liberté de parole semble totale mais où certains non-dits ont fini par être lourds de conséquences.
S’aimer ne suffit pas
Bref, on a rêvé quand ils se sont rencontrés, quand ils se sont retrouvés et l’on constate avec eux un peu amèrement qu’il ne suffit pas de s’aimer pour être heureux mais que ça va quand même mieux en s’aimant! Et qu’il ne suffit plus de vouloir pour pouvoir…
Comme à chaque fois, le principe du film est extrêmement simple : une femme, un homme, chacun avec leur caractère bien trempé, discute d’eux et de leur couple (donc de leurs envies, de leurs désirs, de leurs freins, des faiblesses de l’un, des défauts de l’autre avec une mauvaise fois jubilatoire) en se promenant. Et leurs joutes verbale, extrêmement bien écrites, font toutes la saveur de cette trilogie amoureuse.
Evidemment, le film est du coup extrêmement et quasiment uniquement bavard. A la française, pourrait-on dire. Mais, c’est ce qui fait tout son charme, toute sa force. Il se vit donc plus comme un battle de répliques formidables, celles qu’on aurait adoré sortir quand on s’est retrouvé à leur place ou dans des situations similaires, quand justement la survie de notre couple, de notre histoire d’amour semblait reposer sur le brio qu’on mettait, chacun à sa manière, à la défendre.
Battle d’acteurs
Enfin, l’autre valeur du film tient justement au naturel des acteurs. A force de se voir, d’écrire ensemble, de partager les mêmes personnages et d’évoluer à leur rythme, Julie Delpy et Ethan Hawke, et évidemment le réalisateur Richard Linklater, forment un trio indissociable qui partage avec nous une tranche de leur vie qu’on sait très bien continuer à s’écouler hors champ.
Inutile d’avoir les deux épisodes précédents pour se délecter de celui-ci. Malgré tout, mieux vaut être averti du procédé pour apprécier cet échange et supporter leurs bavardages.
Avec Julie Delpy, Ethan Hawke…
2013 – Etats-Unis – 1h48
©Before Midnight Inc. credit Despina Spyrou