Oriana Fallaci

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Oriana Fallaci fait partie de ces rares journalistes, femmes qui plus est, qui ont inspiré un biopic au cinéma. Grande Reporter italienne, cette forte tête est passée avec talent de la presse people aux événements politiques les plus importants de la fin du XXème siècle.

« Etre une femme est un défi dont on ne se lasse pas » – Oriana Fallaci

Le fait est assez rare pour être souligné. Très peu de journalistes, femmes qui plus est, ont inspiré des biopics au cinéma. C’est le cas de cette reporter italienne, une forte tête qui est passée avec talent de la presse people de l’époque aux événements politiques les plus importants de la fin du XXème siècle.

Des stars aux femmes…

Oriana Fallaci a débuté le journalisme à 17 ans, en 1950. Engagée à L’Europeo, elle est chargée d’interviewer les stars, et l’Italie en regorge à l’époque. Elle détone, vite, mettant l’accent sur les contradictions de ceux qu’elles interviewent. En 1960, elle délaisse le gratin mondain pour partir à la rencontre de femmes qui ne vivent pas comme elle.

Oriana Fallaci de Marco Turco
La vraie Oriana Fallaci

En Inde, au Japon, au Pakistan…, elle découvre un continent noir. Elle peine à faire parler ces femmes de leur vie, mais assiste médusée au mariage en Afghanistan d’une gamine de 14 ans où la parole se libère enfin: si elle ne donne pas de fils à son mari, elle sera répudiée.

Oriana Fallaci, l’auteur du Sexe inutile

Destin cruel mais entretenu aussi par les mères. Son reportage deviendra un livre au titre on ne peut plus parlant : Le sexe inutile. Mais, là encore, sa vision est loin d’être unilatérale.

Oriana Fallaci de Marco Turco
Vittoria Puccini (Oriana Fallaci)

D’un terrain à un autre, elle atterrit au Viêt-nam, en pleine guerre et interroge longuement les soldats américains et finit par critiquer vertement chacun des belligérants. Il faut dire que la guerre, elle connaît, elle qui s’est engagée à 14 ans, dans la résistance antifasciste avec son père. Elle en profite pour rendre visite à un orphelinat où seules les filles sont à adopter. On réserve les garçons, pour la guerre.

Une vie engagée

Dans les années 1970, elle se spécialise sur les interviews d’hommes politiques du monde entier, passant du Shah d’Iran à Lech Walesa, de Golda Meir à Khomeiny… Elle s’est aussi liée avec Alexandros Panagoulis, un militant de gauche grec durant le régime des colonels, qui restera l’amour de sa vie.

Oriana Fallaci de Marco Turco
Vittoria Puccini (Oriana Fallaci) et Vinicio Marchioni ( Alexandros Panagoulis)

Evidemment, une telle carrière qui s’achève le 11 septembre 2001, par une visionnaire et spectaculaire condamnation de l’Islam, ne va pas sans sacrifice. C’est d’ailleurs une faiblesse de ce film intéressant, d’insister autant sur la pauvreté de sa vie personnelle et du fait qu’elle n’ait pas réussi à avoir d’enfant. Pourtant, son engagement féministe, décrit dans le film, a été de tout instant. Ne disait-elle pas : « être une femme est un défi dont on ne se lasse pas » et cela même si le monde n’est pas pensé pour elles ».

Transmission

Ce film est construit sur un principe simple, pour ne pas dire simpliste. Oriana Fallaci est vieille, bientôt aveugle et elle a besoin d’une aide pour classer ses archives. Une jeune fille se présente, elle la maltraite mais finit par s’adoucir à son contact et à lui confier les grands épisodes de sa vie que l’on découvre sous forme de flash-backs.

Oriana Fallaci de Marco Turco
Vittoria Puccini (Oriana Fallaci)

Certes, Oriana Fallaci est présentée comme une vieille aigrie, pas facile pour ne pas dire méchante, consciente de sa valeur et de ses faiblesses, qui tient la dragée haute à ceux qui s’intéressent à elle.

Oriana Fallaci, un témoin précieux

Le film reste passionnant parce que son héroïne est un témoin privilégié de cette seconde partie du XXème siècle, qu’elle s’est plongée dans la plupart de ses soubresauts en en retirant une analyse aussi pertinente que personnelle, plutôt bien traitée par le scénario.

Oriana Fallaci de Marco Turco
Vittoria Puccini (Oriana Fallaci)

Son œuvre demeure d’ailleurs : elle a laissé derrière elle une quinzaine de livres traduits dans le monde entier, de nombreux reportages et interviews avant de s’éteindre en 2006.

De Marco Turco, avec Vittoria Puccini, Vinicio Marchioni, Stéphane Freiss…

2014 – Italie – 1h48

©Francesca Fago

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