Haramiste
Les femmes voilées pensent-elles au sexe? Haramiste d’Antoine Desrosières s’empare du sujet sans détour et avec humour. À voir au Studio Luxembourg-Accatone à Paris ou sur Arte, dans la nuit du 21 au 22 avril 2016.
Sous le voile, du désir?
Sous leur foulard, les femmes ou les jeunes filles voilées ont-elles un sexe qui les titille? Ressentent-elles du désir? Ont-elles des pulsions? Les répriment-elles ou y répondent-elles? Et comment?
C’est le sujet que traite avec humour Haramiste, un moyen métrage sorti en salle le 1er juillet 2015 et qui continue vaillamment sa carrière depuis. Il est même diffusé pour la seconde fois sur Arte le 22 avril vers 1 h du matin.
Haramiste, le désir?
Deux jeunes femmes voilées sont assises sur le banc d’une cité. Elles attendent leur mère et se font draguer. Elles éconduisent le jeune homme mais commence alors une longue discussion sur ce qu’elles savent du sexe et du désir, des pulsions et de leurs envies, des hommes et de ce qui leur est autorisé.
La discussion reprend plus tard dans leur chambre où leurs cheveux sont à l’air libre. La cadette surprend sa sœur en plein discussion avec un inconnu sur internet. Jusqu’où est-elle capable d’aller avec lui?
Haramiste, le sexe?
A la limite, peu importe car ce qui compte dans ce film au format bancal (40 mn, trop long pour être un court, trop court pour être un long), c’est l’énergie et la verve qui mettent les deux comédiennes.
Dans un dispositif très simple ( des plans fixes) , elles vont toutes deux, dans un ping-pong verbal qui paraît spontané (mais qui a été très répété en amont), décrire avec force détails, mimer, s’étonner, s’esbaudir, se fâcher, se marrer.. et échanger ce qu’elles savent du sexe et du désir.
Une histoire de dignité
Avec parfois des rappels à la morale qui donnent sa drôlerie â cette comédie. Les deux comédiennes débutantes sont épatantes! Et le film, sans être ni jugeant, ni moralisant, ni vraiment provocateur, traité par l’humour d’un sujet rare, tout en redonnant une normalité et donc une humanité à ses femmes musulmanes.
Le succès est tel (déjà 9 mois en salle) pour ce moyen-métrage que la même équipe – le réalisateur Antoine Desrosières et les deux comédiennes Inas Chanti et Souad Arsane – travaille déjà sur un long métrage, Yasmina, sur un sujet très proche et dont le tournage est prévu à l’automne 2016.
Moyen-métrage d’Antoine Desrosières, avec Inas Chanti, Souad Arsane
2014 – France- 0h40