Bang Gang
Baiser comme un défi. Voilà Bang Gang d’Eva Husson, un film d’amour d’adolescents modernes.
Une histoire (d’amour) moderne
Dans un quartier résidentiel de Biarritz, qu’on reconnaît difficilement, une bande de jeunes lycéens s’apprête à passer une année marquante.
Action ou vérité ?
George, la fille la plus sexy et la plus libérée du lycée, a couché avec Alex et en est tombée amoureuse. Lui la considère comme un trophée. Un de plus.
Avec l’esprit de se venger, George lance à tous ses potes un défi. Finies les fêtes où l’on ondule mollement sur de la musique en dragouillant gentiment. Vive le bang gang, ces partouzes géantes où tout le monde couche avec tout le monde sans limite.
Principe de réalité
Etrangement, George y participe peu mais son idée enflamme les autres. Mais quand elle s’y jette, elle y va à fond.
Evidemment, à l’époque des téléphones portables, des réseaux sociaux, des MST galopantes et finalement, à l’âge d’une quête d’amour inévitable, cette pas si joyeuse équipe a bientôt être rattrapée par une réalité moins amusante.
Sans jugement mais pas sans morale
Outre son parcours en festivals – Toronto, Londres – , ce premier film d’Eva Husson a d’incontestables qualités : le choix de son sujet, la liberté qu’elle s’autorise en filmant frontalement la nudité des corps et les rapports sexuels, l’absence de jugement moral sur le comportement de ses personnages, tous issus de familles recomposées de la classe moyenne, malmenés par la solitude et l’ennui.
Eva Husson ne juge pas la situation mais laisse induire, contrairement aux intentions qu’elle affiche dans ses interviews, que le sexe ne vaut pas sans amour (cf. la rédemption de la fameuse George).
Bang Gang : une expérience fondatrice
Et si elle ne condamne jamais aucun comportement (elle s’en amuse même), elle s’attache au seul personnage dissident dont elle fait le gardien de l’intégrité et de l’amour.
En revanche, le point de vue de la réalisatrice sur George est vraiment Intéressant (et pour le coup, tenu dans le film). « George s’en prend plein la figure, dit-elle, c’est dur mais elle n’en vit pas moins une expérience fondatrice qui ne l’empêche ni de vivre, ni de grandir. Il est important de ne pas en faire une victime, elle ne ressort pas brisée ».
Un point de vue féminin
« Mon film met à mal le paradigme patriarcal » habituel, poursuit-elle. « L’immense majorité du storytelling cinématographique des femmes est mené par des hommes. Une femme/héroïne en pleine puissance sexuelle qui n’est pas punie, c’est souvent irrecevable dans une narration masculine… C’est mon impératif à moi, en tant que cinéaste femme, de contribuer à ce changement de paradigme et donc de la représentation de la femme au cinéma ».
Rien que pour cela, ce film, même avec ses défauts, mérite d’être vu.
D’Eva Husson, avec Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Daisy Broom, Lorenzo Lefebvre…
2015 – France – 1h38