Primadonna

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Elle est la première femme italienne, la Primadonna, à refuser le « mariage réparateur », cette coutume barbare qui oblige les femmes viol(ent)ées à épouser leur agresseur. Instructif.

La loi de la plus forte

Jusqu’en 1981, en Italie, avant qu’une loi ne l’interdise, il était toléré qu’une femme agressée par un homme répare « sa » faute en l’épousant. C’est le principe du mariage réparateur qui avait court surtout dans le sud du pays.

Primadonna se passe en 1965 dans un village isolé de Sicile, où les puissants – les maîtres et les religieux – imposent leur loi. Lia est la jolie fille d’un pauvre paysan. Elle a du caractère, se plie à certaines traditions mais refuse de vivre enfermée chez elle.

Primadonna de Marta Savina - Cine-Woman
Dario Aita (Lorenzo) et Claudia Gusmano (Lia)

Lia plait beaucoup à Lorenzo Musico, le fils d’un patron du coin. Leurs regards se croisent à la messe, ils leur arrivent de discuter. Du jour où elle se refuse à lui, sa vie et celle de sa famille basculent dans l’intimidation et dans l’horreur.Lorenzo et ses amis la violentent. Seule manière de laver l’affront : imposer le mariage à Lia. Ce qu’elle refuse catégoriquement… quitte à envoyer Lorenzo derrière les barreaux. C’est grâce à la puissante résistance de Lia que les juges vont lui accorder réparation et condamner les agresseurs, poussant ainsi à une interdiction de cette coutume par la loi, en 1981.

Primadonna ou la première marche vers des droits des italiennes

Primadonna, premier film de Maria Savina, a pour vertu essentielle de revenir sur cette pratique patriarcale infâme. Elle le fait avec simplicité et pédagogie, sans psychologie. Lia est une rebelle. Si sa détermination ne faiblit jamais, sa stratégie est montrée trop émotionnelle et théâtrale pour être vraiment convaincante.

Primadonna de Marta Savina - Cine-Woman
Claudia Gusmano est Lia

En revanche, le poids de la religion et sa moralité variable, souvent favorable aux puissants et aux apparences, sont plutôt bien montrées. Toutes les manœuvres d’intimidation sont aussi intéressantes : la scène où Lorenzo et ses amis débarquent chez Lia est à peine croyable, celle de la baignade nocturne en mer aussi. Elles donnent du relief à un récit qui, – par pudeur ?, par modestie ? – en manque un peu.

Primadonna s’est inspiré en la simplifiant de l’histoire vraie de Franca Viola  qui a déjà été portée à l’écran par Damiano Damani dans les années 1970 (Seule contre la mafia). Lui insistait sur le rôle de la mafia dans cette histoire, alors que ce volet est totalement totalement absent du film de Marta Savina.

Reste l’essentiel que révèle outrageusement cette coutume : ce que les puissants, convaincus de leur impunité, sont capables d’infliger à celles et ceux qu’ils considèrent comme plus faibles. En disant non, en refusant de céder à la peur, Lia a prouvé que la force était de son côté et qu’en se rebellant, elle pouvait à sa manière changer le monde.

De Marta Savina, avec Claudia Gusmano, Fabrizio Farracane, Dario Aita, Francesco Colella…
2022 – Italie/France – 1h40

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