Femmes en colère
Après un viol, une femme décide de se venger. Est-elle coupable? Condamnable? Un jury de cour d’assises délibère sur son cas. Voilà le propos de Femmes en colère, la pièce de théâtre que Mathieu Menegaux a adapté de son roman. A voir à La Pépinière Théâtre jusqu’en avril 2023.
Cas de conscience
Dix personnages en quête de justice. Une femme attend le verdict de la Cour d’Assises. Sur scène, le jury, trois magistrats et six citoyens, délibèrent, échangent pour décider de son cas. Et le sujet est épineux.
C’est la femme elle-même, pétrie de doutes et impatiente de connaître le sort qui va lui être réservée, qui, par bribes, dévoile son histoire. Impossible de la raconter ici. Sachez seulement qu’en quête d’une aventure sexuelle banale, elle a été violée, méchamment, et qu’elle a décidé de se venger elle-même.
Pour ou contre
Or, on ne peut se faire justice soi-même. L’institution est là pour la donner. Mais, comment juge-t-on? Quand on est magistrat? Quand on est un simple juré, un.e citoyen.ne tiré.e au sort qui vient avec sa propre histoire et son bagage social et culturel ?
Femmes en colère pèse le pour, le contre et leurs contraires. Et notre avis évolue au fur et à mesure que la pièce se déroule, là sous nos yeux. Quel sera le destin de cette femme dévastée mais lucide ? Sera-t-elle sauvée par la Justice ou encore un peu plus abîmée par la sanction qui va tomber sur elle?
L’auteur, Mathieu Menegaux, s’est adjoint les services de Pierre-Alain Leleu, pour adapter son roman en une pièce de théâtre fort bien écrite, quoique un peu trop pédagogique. Les enjeux sont présents sans détour et le diable, dans les détails, dans les révélations qui apparaissent au fur et à mesure.
Une justice d’hommes pour juger des femmes en colère
Classiquement mise en scène par Stéphane Hillel – on est face au jury, l’accusée est en bord de scène, le plus souvent dans l’ombre sauf quand elle prend la parole pour raconter son histoire, Femmes en colère vaut avant tout pour la qualité du texte et de ses enjeux. Les acteurs sont inégaux mais certains ont des partitions plus sympathiques que d’autres, puisque tous les avis sont être avancés.
L’auteur ne juge pas la Justice, mais met en lumière la difficulté d’être juste, en s’appuyant sur le droit quand le bon sens semble s’y opposer. Et à ce jeu-là, les jugements sont rarement favorables aux femmes, pourtant bien nombreuses à défier la loi. Heureusement, l’humain qui juge reste faillible, sensible aux émotions. Et selon son propre arbitre, la décision finale sera celle que vous auriez choisie ou pas, dans un effet miroir jamais soulignée mais évident.
De Mathieu Menegaux et Pierre-Alain Leleu.
Mise en scène : Stéphane Hillel
Avec Lisa Martino, Gilles Kneusé, Sophie Artur, Nathalie Boutefeu, Clément Koch, Magali Lange, Fabrice de la Villehervé, Hugo Lebreton, Béatrice Michel et Aude Thirion
A voir à La Pépinière Théâtre (Paris 9e) jusqu’en avril 2023