La femme du fossoyeur
La femme du fossoyeur de Khadar Ayderus Ahmed raconte avec sobriété la vie précaire d’une famille pauvre mais très heureuse de Djibouti. Intéressant et peu conventionnel. Le film est en compétition à la 60e Semaine de la Critique.
Une histoire d’amour et de survie
A la sortie d’un hôpital de Djibouti, des hommes attendent avec une pelle. Ils espèrent qu’un cadavre leur sera confié. Ils creuseront sa tombe et gagneront les quelques subsides pour faire survivre leur famille.
Guled est dans ce cas. Sauf que pour lui, l’enjeu est important. Sa femme est gravement malade. Il a besoin d’argent pour lui faire enlever la tumeur du rein qui la condamne. Or, ce n’est pas en grappillant quelque pièces qu’il parviendra, ni qu’il convaincra leur fils d’aller à l’école. A ses yeux, sa femme est à ses yeux une reine. Une déesse qui l’a conquis par son audace, sa capacité à se moquer des codes et sa grâce à savoir transformer la vie en une fête permanente. Une de scènes au milieu du film, où elle s’invite à un mariage, est formidable?
Tout pour ma femme
Pour trouver l’argent pour la sauver, il est capable de tout. Même de retourner vendre le troupeau dont il a hérité et qu’il a laissé aux soins de son frère pour suivre son amoureuse. Ce qu’on ne lui a pas pardonné.
L’enjeu est simple, efficace comme l’est la mise en scène de cette rareté djiboutienne. C’est l’histoire d’amour qui est mise en avant par le réalisateur somalien Khadar Ayderus Ahmed dont c’est le premier long métrage.
La femme du fossoyeur dénote de la production africaine habituelle
Développé dans la résidence de la Cinéfondation mise en place par le Festival de Cannes, la femme du fossoyeur dénote par sa simplicité et par son réalisme de la production africaine habituelle. Par son parti pris aussi de privilégier la beauté d’une histoire d’amour sur des enjeux sociaux, politiques ou religieux – qui sont pourtant constamment là -.
L’opération que doit subir Nasra coûte cher et n’est pas offerte à une famille de condition si pauvre. Trouver de l’argent est impossible à Guled qui, amoureux de sa femme, a choisi de quitter sa condition de paysan pour vivre à la périphérie d’une ville, dans la misère. Ce qui n’empêche jamais le couple d’être d’une dignité remarquable, ni d’avoir des principes sur l’éducation des enfants par exemple.
Une agréable surprise sans doute un peu trop simple pour se faire remarquer dans une compétition qui privilégiera sans doute la force d’un propos plutôt de l’élégance et la limpidité. A voir…
De Khadar Ayderus Ahmed, avec Omar Abdi, Yasmin Warsame, Kadar Abdoul-Aziz…
2021 – Finlande/ Allemagne/ France (dialogues en Somali) – 1h22
©Lasse Lecklin pour Bufo2021
La femme du fossoyeur de Khadar Ayderus Ahmed est en compétition à la 60e semaine de la critique. En tant que premier film, il concourt aussi à la Caméra d’Or. Sa sortie dans les cinémas français est prévue mais pas encore datée