Champs d’amours
L’homosexualité a mis longtemps avant de s’inviter au cinéma. Champs d’Amours, première exposition au monde sur le sujet, revient sur cette histoire contrariée. C’est gratuit, à l’Hôtel de Ville de Paris et jusqu’au 28 septembre 2019.
100 ans de cinéma arc-en-ciel
Longtemps, l’homosexualité a été refoulée au cinéma. Si Autre que les autres de Richard Oswald, le premier film à aborder le sujet date de 1919, il faut attendre les émeutes de Stonewall, en 1969, pour qu’elle y trouve régulièrement sa place. Le cinéma suit en cela la fin de son invisibilisation dans la société, mais ne la précède pas.
C’est ce qu’explique de manière simple et pédagogique l’exposition Champs d’amours. Elle se tient l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 28 septembre 2019. L’entrée est gratuite et il serait plus que dommage de ne pas aller y faire un tour. Si vous voulez tout lire, tout voir, prévoyez d’y rester 2 heures.
100 ans d’amours plurielles
Champs d’amours rend hommage à Un chant d’amour, l’unique film de Jean Genet (1961). L’exposition dépasse l’histoire de la représentation des homosexuel.les au cinéma et dans la société (sujet de la salle haute). Elle traite aussi des représentations de toutes les identités sexuelles et partout dans le monde. Surtout elle aborde des thématiques passionnantes : le miroir, la censure, le porno, les techniques de dissimulation quand l’homosexualité était malvenue voire interdite à l’écran (par le code Hays aux Etats-Unis notamment).
Riche en documents – affiches, scénarios, photos de tournage – et copieusement arrosés d’extraits de films parfois rares- , cette exposition didactique joue habilement l’inclusion de toutes les identités sexuelles, de toutes les époques jusqu’aux productions les plus récentes. Elle se boucle avec Portrait d’une jeune femme en feu, le dernier film de Céline Sciamma, primé au Festival de Cannes 2019, même pas encore sorti en salle. C’est prévu pour le 18 septembre 2019, juste avant la fin de Champs d’Amours.
Les femmes aux Champs d’Amours
Même si la représentation masculine finit par prendre le pas, comme dans la société, les femmes sont loin d’être absentes. Outre Divine, dont la puissance est magistrale dès l’affiche, l’expo débute avec le poster imposant au graphisme structuré de Jeunes filles en uniforme de Léontine Sagan (1931). Enorme succès du cinéma allemand qui eut des résonances jusqu’au Japon, ce film fut interdit par le régime nazi.
Juste à côté, se trouve l’affiche d’Olivia de Jacqueline Audry, autre oeuvre et réalisatrice oubliés mais qui devrait connaître une nouvelle mise en avant avec sa ressortie fin 2019. Il y est aussi question de la pionnière du cinéma lesbien et féministe, Barbara Hammer et de ses Dyketactics, des femmes puissantes d’Ulrike Ottinger. Mais aussi des très contemporaines Céline Sciamma, de Catherine Corsini, de Virginie Despentes (Baise-moi), de l’indienne Deepa Mehta ou de la kenyane Wanuri Kahiu (Rafiki) et de bien d’autres. Certaines figurent même dans les Tops 5 que Didier Roth-Bettoni, un des cinq commissaires de l’exposition Champs d’Amours a bien voulu dresser pour Cine-Woman.
Un défi : trouver Micheline Presle et l’extrait de film signé Nelly Kaplan dans lequel elle joue un rôle…inhabituel !