Les Tops de Lorenzo Chammah
Les choix de Lorenzo Chammah
On le savait programmé pour le cinéma. Fils d’une grande actrice française et d’un producteur et distributeur de films, petit frère d’une comédienne, Lorenzo Chammah a pourtant d’abord pensé à être footballeur.
« Mon rêve d’ado était d’être attaquant du PSG, avoue-t-il en ajoutant qu’il y a joué trois saisons, de 2000 et 2003. Mais, c’est une vie de sacrifice à laquelle je n’étais pas suffisamment préparé ». Il continue de jouer à l’occasion et reste supporter de l’équipe parisienne. « Dans la vie, on peut changer de femme, de parti politique ou de religion, mais pas de club de football », se justifie-t-il en empruntant la formule à Eduardo Galeano, un écrivain, dramaturge et journaliste uruguayen.
Du foot au ciné
L’avantage du sport, c’est qu’à 18 ans, ton destin est scellé. Lorenzo se tourne donc naturellement vers ce qu’il connait le mieux : le cinéma. « A l’âge de 14 ans, j’ai commencé à y aller tout seul, dans les salles du quartier latin. C’est comme cela que j’ai commencé à me forger le goût et mon esprit critique », précise-t-il. Et cite aussitôt Le pélican de Gérard Blain, qu’il qualifie de « pépite ».
Après le bac, Il s’inscrit en fac à Censier mais préfère vite les stages en production ou en distribution. Il part ensuite parfaire son anglais à New York et à Londres. Quand il revient en 2011, il monte Accara Films, un société de production de courts-métrages.
Deux cinémas, deux projets
Le 1er avril 2015, il reprend avec sa famille le cinéma le Christine, puis en 2017 le Desperado. Chaque adresse compte deux salles d’une capacité variant de 90 à 145 places. L’ensemble est depuis regroupé au sein de l’entité Paris Cinéma Club, qui en précise la ligne éditoriale. « Notre programmation comprend des rendez-vous réguliers, des festivals, des avant-premières et des ciné-clubs, des ressorties en exclusivité et occasionnellement des sorties de films contemporains », précise Lorenzo Chammah. Aux Ecoles Cinéma Club, il privilégie les films de patrimoine, souvent italien. Il a réouvert en juin 2019 en projetant par exemple Le professeur de Valerio Zurlini, un des grands rôles dramatiques d’Alain Delon.
Un cinéphile curieux
Mes cinq films de réalisatrices préférés
1 – Jeu, set et match d’Ida Lupino (1951)
Voilà un film moderne ! L’affiche, le titre (en anglais Hard, Fast and Beautiful) sont extra ! Et c’est important pour susciter la rencontre du public avec un film. Celui-ci met à l’honneur un sport, le tennis, et le montre de manière habile. Non seulement Ida Lupino est une des rares réalisatrices de cette époque-là, mais en plus elle est singulière.
2 – Wanda de Barbara Loden (1970)
J’ai une relation affective à ce film. Mes parents connaissaient cette oeuvre et sont partis à sa conquête. Depuis que les Films du Camelia – la société de Ronnie Chammah – l’ont ressorti en 2003, Wanda a réuni plus de 80 000 spectateurs ! J’aime beaucoup la poésie du désenchantement qui s’en échappe, le fait qu’il soit à la fois si pessimiste et très poétique.
3 – S’en fout la mort de Claire Denis (1990)
Je l’ai vu au Metrograph à New York l’une d’une plus belle salle de cinéma du monde ! Et en 35 mm. J’adore sa direction d’acteurs effacée mais très précise, de Claire Denis. Sa mise en scène digne d’une cheffe d’orchestre dont on reconnait la patte. J’aime aussi la subtile dénonciation, sans aucune démagogie ou colère. Et la puissance fragile d’Alex Descas.
4 – A girl at my door de July Jung (2014)
Un des plus beaux films que j’ai vu à Cannes ! Sa puissance dramatique est vraiment prenante. Et la question de l’homosexualité féminine est abordée dignement. Avec une maitrise impeccable de la mise en scène, comme souvent dans le cinéma coréen.
5 – La belle et la meute de Kaouther Ben Hania (2017)
Un film indispensable pour dénoncer la banalisation de la violence contre les femmes en Tunisie ou ailleurs. Le sentiment d’injustice augmente tout au long du film avec l’envie de révolte et l’attachement que l’on a pour cette formidable héroïne, dont les bourreaux ne parviennent jamais à gâcher la beauté.
Cinq prestations d’actrices inoubliables
1 – Marilyn Monroe dans Bus stop de Joshua Logan (1956)
C’est le film qui correspond le mieux à la dimension enfantine et à la candeur intemporelle de Marilyn Monroe. Un film snobé par les puristes. Moi, qui suis un grand admirateur de Marilyn, je milite pour qu’il soit réhabilité. Il n’a rien à envier à tous ses autres films !
2 – Eleonora Rossi Drago dans Un été violent de Valerio Zurlini (1959)
Pour sa sensualité débordante ! Mais aussi pour la dimension magnifique qu’a l’Italie dans l’inconscient collectif. Cette rencontre avec Jean-Louis Trintignant, extraordinaire, est un moment magique !
3 – Olivia de Havilland dans Une femme dans une cage de Walter Grauman (1964)
Un vrai coup de foudre pour cette dame qui est toujours vivante. J’ai plus de tendresse pour elle que pour sa soeur, Joan Fontaine. Ce n’est pas un grand classique du 7ème art mais un film moderne dans ses problématiques, méconnu, qui mérite d’être mis en lumière.
Micka
29 mars 2020 @ 18 h 05 min
Il pourrait avoir l’honnêteté de dire que ces deux derniers choix d’actrice sont sa sœur et sa mère.
Véronique LE BRIS
30 mars 2020 @ 9 h 38 min
Bonjour Micka, Il l’a ! C’est moi qui ne l’ai pas écrit. Ca va de soi…
Moyses Prochownik
7 avril 2020 @ 12 h 39 min
Tres bon list!