Lune de miel
Un jeune couple juif mais moyennement pratiquant par en Pologne sur la terre de ses ancêtres. Drôle de Lune de miel vécue et racontée ici sans phares par l’actrice Elise Otzenberger.
Retour sur le passé
Hasard du calendrier, mais comme Charlotte a 17 ans, Lune de miel était aussi présenté au 11e Festival du Film Francophone d’Angoulême. Et il portait aussi un autre titre disons curieux: Lune de miel à Zgierz. Mais vu la difficulté à prononcer ce nom, on comprend que le distributeur ait choisi de laisser tomber.
Anna et Adam forment un jeune couple qui s’aime. ils ont un enfant qu’ils décident de confier pour la première fois aux parents d’Anna. Juifs tous les deux, vivants dans le Marais, ils ne revendiquent pas leur religion, mais bien leurs traditions familiales.
Anti-clichés
Ils sont d’ailleurs contents de découvrir la Pologne, la terre de leurs ancêtres. Adam est convié à la commémoration du 75e anniversaire de la destruction de Zgierz, le village de naissance de son grand-père. A la limite, lui s’en passerait. Mais, il est ravi de prendre quelques jours rien qu’avec sa femme. Anna au contraire sur-investit le voyage qui va elle aussi se confronter à ses racines et aux non -dits familiaux.
Si le sujet n’est pas forcément très nouveau, la manière dont Elise Otzenberger le traite est intéressante. Se méfiant des clichés, elle détourne tous un à un, avec une certaine adresse, pour mieux les retourner contre les à-priori de ce couple. Anna, par exemple, est une mère juive en puissance qui souffre de la séparation d’avec son fils mais qui ne tolère absolument pas sa propre mère!
Une question de mémoires
Le voyage débute par une scène passionnante et rarement vue au cinéma. Le couple débarque en Pologne, à Cracovie, prêt à honorer les souvenirs qui hante leurs familles à Paris. Mais, ils sont vite déçus par la commercialisation à outrance d’une mémoire qui finalement ne leur appartient plus. Ou si peu.
Tout le voyage est à cette aune, entre une envie, une mémoire entretenue à distance, des souvenirs tus, la lourdeur du passé et la nécessité de se confronter à l’histoire, à l’Histoire pour avancer. C’est très bien raconté, plutôt bien joué et traité avec un humour bienvenu qui sied à la gravité comme la légèreté du sujet.
D’Elise Otzenberger, avec Judith Chemla, Arthur Igual, Brigitte Roüan, Isabelle Candelier, Antoine Chappey, André Wilms…
2018 – France – 1h28