8e Panorama du cinéma colombien
Portraits de femmes du cinéma latino-américain
Masques anti-covid pour les intervenants et les spectateurs, costumes colorés pour les danseurs colombiens, le 8ème Panorama du cinéma colombien s’est ouvert mardi 6 octobre 2020 à l’Arlequin, rue de Rennes à Paris.
La salle affichait complet pour la projection de Tantas almas de Nicolas Rincon Gilles. Cette fiction remplie de poésie et de mystère emprunte largement à la réalité sur un sujet dramatique. Un père recherche les corps de ses deux fils assassinés par les paramilitaires sanguinaires des Autodefensas Unidas de Colombia. Ceux qu’on renommerait volontiers Agresseurs Usurpateurs ont agi en toute impunité pendant des années. Avec l’appui de l’armée régulière terrorisant les communautés paysannes ou indigènes des régions reculées du pays.
Un cinéma de combat
Nicolas Rincon Gilles, présent à la projection, a souligné la nécessité de raconter ce vécu de la Colombie au-delà de l’histoire officielle et de l’accord de paix, malmené, de 2016. Un autre membre de l’équipe de tournage du film titré en français La vallée des âmes a insisté sur un contexte de « croyances magiques » et sur la détermination des familles à enterrer leurs défunts pour éviter que leurs âmes ne restent « errantes».
Peu de réalisatrices au 8e Panorama du cinéma colombien
Le 8e Panorama du cinéma colombien se déroule, comme les années précédentes, au Reflet Médicis (Paris 5ème) jusqu’au 12 octobre 2020. Il comprend 79 longs et courts métrages, documentaires ou de fiction. Plusieurs s’inspirent des cultures locales, d’autres du conflit colombien. La programmation laisse une place modeste aux femmes réalisatrices. A noter toutefois le documentaire A colombian family de la danoise Tanja Wol Sorensen.
Les femmes dominent dans le programme de courts métrages. Parmi les fictions, notons Todo lo que flota de Maria Matiz Borda, Heliconia de Paula Rodriguez Polanco. Aqui y alla de Lina Rodriguez est un film expérimental. Et Dans la programmation Petit chiot destinée au jeune public, les réalisatrices s’avèrent également majoritaires. Avec 3 pies de Giselle Geney Celis, Ilwa de Carolina Hernandez, Lea Salvage de Maria Teresa Salcedo et Simples presentes de Catalina Matamoros Puerto.
Expo de photo de talents latino-américains féminins
Les cinémas L’Arlequin et le Reflet Médicis accueillent simultanément une très belle exposition photos. Elle compte 82 portraits en noir et blanc de femmes réalisatrices et autres professionnelles du cinéma d’Amérique du sud. La photographe Clotilde Richalet a voyagé à leur rencontre dans une dizaine de pays d’Amérique latine. Elle rend hommage à leur talent et ajoute sa pierre à l’action pour la parité dans le cinéma. Elle regrette toutefois le manque de circulation des films entre pays latino-américains.
Pour sa part, l’écrivain et journaliste colombien Juan David Correa lance un cri d’alarme en faveur de la culture en Colombie. « Si l’anéantissement continue, les films colombiens pourront bientôt être comptés sur les doigts de la main, comme dans les années 80 et 90 », écrit-il tout en dénonçant les menaces sur l’édition, l’artisanat, la musique. « Ces mots rassemblent nos inquiétudes et nos angoisses » confie l’équipe du « Chien qui aboie » organisatrice du 8e Panorama.