La 56e Quinzaine des cinéastes a révélé les 21 longs métrages et les 9 courts de sa sélection. Neuf sont (co)-réalisés par des femmes, en plus des hommages à Andréa Arnold et à Chantal Akerman.
La Quinzaine se féminise en 2024
Il lui aura fallu une année après avoir été rebaptisée Quinzaine des Cinéastes – et non plus des seuls réalisateurs- pour que la sélection réputée la plus aut.eur.rice du Festival de Cannes se féminise franchement.
Tout d’abord, le Carrosse d’or qui honore chaque année depuis 2002 un cinéaste, sera remis, le 15 mai, à une réalisatrice, l’anglaise Andrea Arnold, dont le dernier film, Bird, est en compétition officielle. C’est donc une nouvelle reconnaissance de son talent, elle qui avait tant ému avec Fish Tank, régulièrement cité dans les plus grands films de réalisatrices, et bouleversé les regards avec les suivants : Les Hauts du Hurlevent ou American Honey, mais beaucoup moins avec son documentaire sur les vaches, Cow. Andréa Arnold est une habituée du Festival de Cannes. Championne du Prix du Jury qu’elle a reçu trois fois, elle a été membre du jury de la compétition officielle et a présidé celui de la Semaine de la critique et d’Un certain regard. Concernant le Carrosse d’Or, elle est la cinquième femme à l’obtenir, depuis 22 ans qu’il existe. Elle succède ainsi à Naomi Kawase (2009), Agnès Varda (2010), Jane Campion (2013), Kelly Reichardt (2022). A noter que la plateforme Mubi rediffuse quatre de ses films en mai : Fish Tank, Les hauts de Hurlevent, Wasp et American Honey.
21 longs métrages dont 8 de réalisatrices
Dans la sélection ensuite qui, selon son responsable, Julien Rejl, a été construite sur la singularité de la mise en scène des oeuvres retenues. 1590 longs métrages ont été visionnés pour n’en retenir que 21, dont 9 réalisés ou co-réalisés par des femmes. Les trois quarts des 1590 étaient des oeuvres de fiction, 18% des documentaires, 5% des films expérimentaux et 3% d’animation. La vitalité du cinéma d’Amérique Latine, surtout argentine, a été soulignée et se perçoit dans la sélection finale qui compte un film argentin, un brésilien et un chilien mais quatre américains dont Julein Rejl a vanté l’effet surprise. Le cinéma français est à l’honneur avec cinq films dont ceux d’ouverture et de clôture. Ce sera ainsi de rendre hommage à l’oeuvre singulière de Sophie Fillières, dont le dernier film, posthume, Ma vie ma gueule, sera enfin révélé au tout début de la Quinzaine.
Autre tendance lourde, selon le sélectionneur, « le cinéma actuel montre à quel point le monde va mal. Beaucoup de personnages principaux suivent une thérapie pour faire face à une apocalypse annoncée. Sinon, nous avons vu beaucoup de films sur le sport, ajoute Julien Rejl, et pas mal de comédies »… du désespoir sans doute.
Pour le reste, la Quinzaine des Cinéastes, sélection non compétitive, innove en lançant un prix du public, doté de 7500€ remis par la Fondation Akerman. D’ailleurs, une séance spéciale sera consacrée à la réalisatrice belge, avec la diffusion d’un de ses films difficile à voir habituellement. Et preuve ultime de l’intérêt que la Quinzaine reconnait enfin aux femmes dans la fabrication des films, le podcast, A haute voix, conçu avec des femmes de son atelier scénario, mettra à l’écoute des lectures de leurs scénarios.
La sélection de la 56e Quinzaine des cinéastes
- Ma vie ma gueule de Sophie Fillières – France – Film d’ouverture
- A son image de Thierry de Peretti – France
- Christmas eve in Muller’s point de Tyler Taormina – Etats-Unis
- Desert of Namibia de Yôko Yamanaka – Japon
- East of noon de Hala Elkoussy – Egypte
- Eat the night de Caroline Poggi et Jonathan Vinel – France
- Eephus de Carson Lund – Etats-unis -1er film
- Gazer de Ryan J. Sloan – Etats-unis -1er film
- Ghost cat anzu de Yôko Kuno et Nobuhiro Yamashita – Japon
- Good one de India Donaldson -Etats-Unis – 1er film
- Mongrel de Chiang Wei Liang et You Qiao Yan – Taïwan -1er film
- La prisonnière de Bordeaux de Patricia Mazuy – France
- Savanna and the mountain de Paulo Carneiro – Portugal
- Sister Midnight de Karan Kandhari – Inde
- Something old, something new, something borrowed de Hernan Rosselli – Argentine
- The falling sky d’Eryk Rocha et Gabriela Carneiro da Cunha – Brésil – documentaire
- The hyperboreans de Cristobal Leon et Joaquin Cocina -Chili
- Septembre sans attendre de Jonas Trueba – Espagne
- To a land unknown de Mahdi Fleifel – Palestine, Danemark
- Une langue universelle de Matthew Rankin – Canada
- Les pistolets en plastique de Jean-Christophe Meurisse – France – Film de clôture
Séance spéciale
- Histoires d’Amérique : food, family and philosophy de Chantal Akerman
Neuf courts métrages complètent cette sélection.
La Quinzaine des Cinéastes sera reprise au Forum des Images à Paris du 12 au 23 juin 2024, en édition dite augmentée avec master-class, présentation des films. Avant de partir pour le Japon, l’Italie, le Brésil etc…
A noter : l’affiche amusante avec cette aubergine qui mate est signée Takeshi Kitano, si si !