Loïs rêve d’espace mais est trop lourde pour s’envoler. 100 kilos d’étoiles de Marie-Sophie Chambon explore les freins qui empêchent les jeunes femmes de réaliser leurs rêves. Avec intelligence et sensibilité.
Du plomb dont on fait les plumes
Loïs rêve d’espace et d’apesanteur. Mais, Loïs est obèse, fille d’obèse. A cause de son poids, elle ne pourra jamais partir pour ce grand voyage vers les étoiles. Elle est pourtant très douée en physique et passionnée par l’univers. Mais son poids est un boulet.
Pour réussir un concours qui l’enverrait tester un vol en apesanteur, elle joue son va-tout et arrête de manger. Elle finit à l’hôpital où ses trois compagnes de chambrée, des ados différentes, comme elle, vont changer sa vie. Et l’aider à accomplir ses rêves.
Gravité.s
D’habitude, les gros, le surpoids, l’obésité ne sont que des sujets de comédie. Dans 100 kilos d’étoiles, le premier film de Marie-Sophie Chambon, ce n’est pas le cas. Du tout. Et c’est pourtant le film où l’obésité est traitée à la fois avec le plus de légèreté et de gravité.
Loïs est obèse, c’est physiologique mais ce n’est pas une raison de ne pas s’aimer. Ses nouvelles amies sont, elles, anorexique, handicapée ou électro-sensible. Et ce qui n’est en aucun cas une raison de ne pas vivre leur vie, leurs rêves. Sans se plier aux stéréotypes les plus primaires qui condamnent les jeunes filles, surtout, à se conformer aux images véhiculées pour elles.
100 kilos d’étoiles : un film contre les stéréotypes
Et c’est le point fort de ce film : s’intéresser sincèrement à ces jeunes filles intelligentes, volontaires qu’un accident de parcours ou qu’une volonté trop forte de conformisme tient à la marge du monde. Elles sont nombreuses dans ce cas. Et le cinéma ne les regarde pas suffisamment.
Ce récit de cette épopée amicale de bras cassées jusqu’au CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) à Toulouse en est constamment enrichi. On pardonnera aisément les quelques longueurs de ce road-movie à la jeune réalisatrice pour saluer les qualités de son projet : la pertinence et l’audace du sujet, sa poésie, ses quelques scènes fortes, marquantes (notamment grâce à Philippe Rebbot) et cette revendication d’un ailleurs, d’un hors-normes qui fait du bien. Pour un premier film, c’est plus que bien!
De Marie-Sophie Chambon, avec Laurie Duchêne, Angèle Metzger, Zoé de Tarlé, Pauline Serieys, Philippe Rebbot…
2018 – France – 1h28
100 kilos d’étoiles de Marie-Sophie Chambon a reçu le prix du public de mon premier festival 2018 et était sélectionné à Cannes Ecrans Juniors 2019. C’est bien mais ce serait dommage de cantonner ce film au jeune public.